Kinshasa : « J’ai perdu les eaux, mais le médecin m’a demandé de retourner à la maison »

Accoucher dans un environnement sûr, c’est le souhait de plusieurs femmes enceintes et du personnel soignant. Dans la prise en charge, certaines décisions des prestataires ne rassurent guère des futures mères.
15-Juillet-2020

      

Dans un hôpital privé de la commune de Ngaliema, à Kinshasa, une femme enceinte s’est vu retourner à la maison après avoir constaté, deux jours durant, que sa poche des eaux était rompue. «J’ai souffert d’énormes stress avant l’accouchement. J’estime que je n’ai pas été complètement prise en charge malgré le suivi de tout le processus prénatal », révèle Rachel, primipare et mère d’une fillette de trois semaines.

« La poche des eaux avait rompu jeudi. Et je me suis rendue à l’hôpital le jour suivant, mais le médecin qui m’avait reçu cette nuit là, m’a demandé de retourner à la maison, estimant que j’étais trop loin d’accoucher. Ce que je trouvais horrible. Comment gérer seule, des eaux qui échappent de mon intérieur chaque 30 minutes ou une heure ? J’ai passé toute une nuit comme ça, avant d’appeler mon médecin traitant qui était très étonné d’apprendre que son collègue m’avait renvoyé à la maison sans savoir la quantité du liquide amniotique que j’avais déjà perdue. », ajoute-t-elle. Cette nouvelle mère a eu très peur de la survie de son bébé. Elle indique aussi avoir pris des produits pour accélérer son accouchement.                          

"La sage-femme a crié sur moi"

Cette situation de stress qui entoure parfois l’accouchement est accentué par certaines interventions des prestataires non préparés. « Il arrivait que la sage-femme crie sur moi parce qu’elle estimait que j’étais assez capricieuse pour faire le travail », explique Claudine, mère de deux enfants. Cette expérience, elle l’a vécu lors de l’accouchement de son deuxième enfant qui s’est fait, contrairement à première naissance, dans un autre hôpital. Claudine garde ainsi une mauvaise expérience de ce second accouchement.

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Pourtant, plusieurs organisations et structures qui militent pour les soins de santé de la mère et de l’enfant à l’accouchement multiplient de sensibilisation des prestataires pour mieux assurer l’accouchement. Et cela, afin d’assurer les naissances à moindre risque. En 2018, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié de nouvelles recommandations visant à définir des normes mondiales de soins à l’intention des femmes enceintes en bonne santé et à limiter les interventions médicales inutiles.

830 femmes meurent

«Nous voulons que les femmes accouchent dans un environnement sûr, avec l’assistance de personnel qualifié, dans des établissements bien équipés. Néanmoins, la médicalisation croissante des processus d’accouchements normaux diminue les capacités propres des femmes à accoucher et influe négativement sur leur expérience de l’accouchement», affirme Dr Princesse Nothemba Simelela, Sous-directrice générale de l’OMS, chargée du Groupe Famille, femmes, enfants et adolescents. Pour elle, si le travail progresse normalement et si la femme et l’enfant se portent bien, ils n’ont pas besoin d’interventions supplémentaires pour accélérer le travail, indique-t-elle.

 L’OMS, comme bien d’autres structures en RDC, militent pour que des femmes enceintes reçoivent des soins de meilleure qualité.

Environ 830 femmes meurent des suites de la grossesse ou de complications liées à l’accouchement dans le monde chaque jour, selon l’OMS. Cette organisation soutient que la majorité de ces décès peuvent être évités par des soins de qualité durant la grossesse et l’accouchement.

Dido Nsapu

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