RDC: nécessité d'adapter le cours d'éducation à la vie à l'éducation sexuelle complète

Le cours d'éducation à la vie actuellement enseignée aux élèves est obsolète et ne répond plus aux besoins des jeunes ni aux récentes évolutions technologiques, estime le Dr Jean-Claude Mulunda, Représentant-pays de l'ONG Internationale Ipas en RDC.
13-Juillet-2020

Une vidéo des jeunes écoliers africains qui s'embrassent dans une salle de classe, circule ces derniers jours sur les réseaux sociaux. L'année dernière à Kinshasa, des élèves garçons d'une école privée ont été au cœur d'un scandale sexuel sur leur amie fille dans un appartement privé.

Même les lieux d'éducation ne sont pas épargnés par des scandales sexuels diffusés sur la toile. 

De plus en plus, des voix s'élèvent pour adapter le système éducatif national à cette réalité amplifiée par l'évolution des nouvelles technologies de l'information et de la communication. 

Un cours devenu obsolète

Dans cette société d'information, la cencure est quasi désarmée. Des écoliers accèdent plus facilement à la pornographie et autres images et messages à caractère sexuel. 

D'après le Dr Jean-Claude Mulunda, la moindre des choses à offrir aux  jeunes, c'est la vraie information sur l'éducation sexuelle complète. Le cours d'Education à la vie dispensée jusque-là dans les écoles devient obsolète, à son avis. 

"L'on nie de façon erronée que les jeunes garçons et filles ont des sensations et des besoins sexuels et qu'ils se débrouillent, parfois,  pour jouir lorsqu'ils les souhaitent. L'information qui doit leur permettre comment s'y prendre et se protéger devient nécessaire", a-t-il déclaré à santesexuelle.cd. 

Informer sur les risques

Pour cet acteur de la société civile dans le domaine de santé de la reproduction, l'éducation sexuelle doit avoir pour objectif d'informer aux jeunes sur les risques et comment s'y protéger. Ces risques ne doivent pas seulement être liés aux rapports sexuels, mais aussi sur les abus, les violences sexuelles et toutes sortes d'informations deviationnistes. 

" Parce que les jeunes n'ont pas d'information de qualité  sur l'éducation sexuelle complète en famille, l'école devait compenser ce manque. Mon plaidoyer va dans le sens  de revoir le cours d'éducation à la vie qui est plus moralisateur. Les jeunes n'ont pas besoin de discours sur ce qui est bon ou mauvais. Mais, ils ont besoin de savoir comment s'y prendre face aux risques. il faut donner l'information de qualité sur comment gérer  ces risques et leur permettre de faire leur choix éclairé. C'est-à-dire, un choix qui est basé sur les évidences", a précisé le Dr Jean-Claude Mulunda. 

Le tabou et la coulisse

"L'important est que l'éducation sexuelle complète englobe tout ce qui concerne la sexualité et permet aux jeunes d'opérer un choix. Aucun jeune ne pose des questions avant de faire les relations sexuelles avec son partenaire ou l'embrasser. Tout se fait dans la clandestinité. Ils savent bien que la société sanctionne négativement ce qu'ils veulent faire. D'office, ils le font en catimini. Et les conséquences se passent en clandestinité", explique le Dr Jean-Claude Mulunda. 

Les grossesses non désirées, les avortements clandestins, les violences sexuelles, les infections sexuellement transmissibles sont parmi les conséquences du manque d'une bonne information sur la sexualité auprès des jeunes. Des conséquences qui peuvent détruire leur avenir.
 
"Le gouvernement congolais via le ministère chargé de l'enseignement primaire et secondaire devrait tenir compte du danger permanent auquel les jeunes sont exposés. Le cours d'éducation à la vie doit tenir compte des besoins réels des jeunes en termes d'information de qualité et des services. L'enseignement doit avoir une orientation claire pour des solutions. Voilà pourquoi  je dis que l'éducation sexuelle complète est idéal", conclut-il. 

Tout ce qui est tabou est fait en coulisse, avec tous les dangers. 

Jules Ntambwe


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