Dossier population/RDC : « Pas d’émergence sans transition démographique »

L’Émergence de la République Démocratique du Congo pour l’horizon 2030 ne sera possible que si les décideurs acceptent d’accorder une place importante à la planification familiale.
11-Juillet-2020

En cette période de coronavirus, l’humanité ne s’est pas empêchée de célébrer la journée internationale de la population. Cette édition 2020, le thème est axé sur la  « protection de la santé et des droits des femmes et des filles, pendant et après la pandémie de Covid-19 ».

 En République Démocratique du Congo, les questions liées à la planification familiale doivent constituer une priorité pour les décideurs au regard des données disponibles. Certes, ensemble avec ses partenaires, tel que l’Unfpa, le gouvernement enregistre des progrès quant à ce.

Le contexte de la Covid-19 a fait reculer des choses, mais des experts de la société civile qui travaillent sur cette question, ne désarment pour pousser l’Etat congolais à respecter ses engagements. La voie à suivre est la pleine réalisation des droits reproductifs pour chaque individu et couple. Cela inclut la suppression de tous les obstacles, qu’ils soient économiques, sociaux ou institutionnels, qui empêchent un choix libre et éclairé, surtout en cette période de crise sanitaire.

La population de la RDC en 2019 est estimée à environ 91 millions d’habitants par l’Institut National de la Statistique (INS). Avec un rythme de croissance de 3,3%, la RDC s’attend à un doublement de sa population tous les 20 ans, avec un impact direct sur la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), la transformation socio-économique et l’émergence d’ici 2030.

Planification familiale et autonomisation de la femme

La faible utilisation des méthodes contraceptives modernes est un frein à l’autonomisation des femmes.

 « La planification familiale sauve des vies des mères et des nouveau-nés. Elle contribue à réduire la mortalité maternelle et infantile, respectivement de 30 et 10%, en permettant notamment aux femmes de mieux récupérer de l’accouchement précédent et augmenter leurs propres chances de survie et les chances de survie des nouveau-nés d’environ 50%. Elle constitue aussi une stratégie de résilience de la famille avec un lien direct et établi de croissance démographique et la paix, la sécurité, le changement climatique, l’accès à l’éducation pour tous, la sécurité alimentaire et l’emploi. Mais, malheureusement dans beaucoup de pays en Afrique au Sud du Sahara comme en RDC, ces liens certains sont encore sous-estimés », avait déclaré le Dr. Sennen Hounton, représentant pays de l’Unfpa en RDC, lors de la 4ème CNRPF tenue à Kinshasa en décembre 2019.

Par ailleurs, il a indiqué que les crises humanitaires dans le Sud-Kivu, en Ituri, au Tanganyika et au Kasaï sont liées aussi à des problématiques de démographie et dynamiques populationnelles. « Depuis quelques décennies, la compétition pour l’accès aux ressources (eau, terres arables en zone sécurisée, etc.) crée des tensions entre individus et communautés », note-t-il.

Il est temps d'agir

Ainsi, la maîtrise de la croissance démographique permet de mieux répartir le fruit de la croissance économique. Et pour arriver à cela, il faut réduire le taux de dépendance de la population en investissant dans l’accès à la contraception moderne pour tous, seule approche efficace de maîtrise de la fécondité et par conséquent gage de la réduction des coûts inhérents à la gratuité de l’enseignement de base. 

« Si la vitesse d’accroissement de la population n’est pas en adéquation avec la vitesse d’accroissement de l’économie, nous aurons des problèmes sociaux et la pauvreté et en assurant les choix et les droits nous aurons un fort capital humain, car aucun pays au monde, n’a atteint le statut de pays développé avec les niveaux de taux de prévalence contraceptive ou de demande satisfaite de PF que celui qui se présente en Afrique subsaharienne », alerte Dr. Hounton.

Somme toute, il est temps d'agir et maintenant, de manière urgente, pour que chaque femme et chaque fille puisse exercer ses droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Avec plus d'options contraceptives, elles peuvent prospérer, contribuer à l’économie, améliorer la productivité et leur capital humain. Le coût de l'inaction est tout simplement trop élevé: des femmes et filles meurent suite à des avortements non sécurisés consécutifs à des grossesses non désirées.

Altesse Makambo

 


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