Stéphanie Bolia: au moins 5 femmes et jeunes filles handicapées sont violées par jour en RDC

L'accès aux services de santé sexuelle et reproductive en RDC demeure préoccupant pour les personnes vivant avec handicap. L'accès aux soins de santé sexuelle et reproductive l'est encore plus. Stéphanie Bolia, secrétaire provinciale du Département des femmes, enfants et familles de la Federation nationale des associations des personnes vivant avec handicap du Congo (FENAPHACO/Kinshasa)s'est livrée à santesexuelle.cd sur cette problématique. La Fenaphaco qui est un réseau des 529 associations et organisations travaillant pour la défense, la promotion et la protection des droits des personnes vivant avec handicap en RDC a, après enquête, révélé qu'au moins 89 % des femmes vivant avec handicap n'ont pas accès aux soins de santé de qualité en RDC. Et, 63 % des femmes et filles handicapées sont victimes de violences sexuelles, surtout dans des zones de conflits. Ce qui équivaut à 5 violences par jour. Interview.
09-Juillet-2020

Quelles sont les difficultés que rencontrent les femmes vivant avec handicap en termes de santé sexuelle et reproductive?
Les femmes vivant avec handicap sont plus vulnérables que les hommes en matière des soins de santé. Selon une étude menée par la Fédération nationale des associations des personnes vivant avec handicap du Congo, "FENAPHACO" en sigle, environ 89 %  des femmes vivant avec handicap n'ont pas accès aux soins de santé de qualité et font face à des difficultés énormes  en terme de santé sexuelle et reproductive. Notamment,  le manque de moyens financiers, un traitement discriminatoire de la part du personnel soignant moins qualifié en matière des mesures spécifiques de soin de santé en faveur de cette catégories des personnes, l'inadaptation des services de santé aux besoins spécifiques des femmes vivant avec handicap (ex : absence dans les maternités des lits d'accouchement appropriés à leurs conditions physiques) ; Ie manque d'interprètes en langue des signes dans les services de santé sexuelle et reproductive fournis au public, etc.
Il sied de préciser qu'en RDC, d'après les enquêtes réalisées par le Fonds Mondial des Femmes, les personnes vivant avec handicap sont actuellement estimées à 13,8 millions de la population dont 6,5 millions sont des femmes. La majorité d'entre elles ont la difficulté d'accéder aux soins de santé de qualité dans l'égalité avec les autres, tel que prônés par la Convention relative aux droits des personnes handicapées en son article 25.

Votre organisation investit aussi dans ce secteur, dans ses activités ? 

Notre organisation s'investit dans la question  des droits des personnes vivant avec handicap de manière générale. Elle a eu à organiser des conférences de sensibilisation des femmes vivant avec handicap sur ce domaine spécifique et a des projets en perspective, sachant que c' est une matière très sensible qui touche les populations et concerne l'humanité toute entière.

Avez-vous régulièrement ou rarement des cas des PVH abusées sexuellement ? 
En ce qui concerne des cas de personnes vivant avec handicap abusées sexuellement, nous en recevons rarement, vu que la majorité des femmes et jeunes filles victimes des violences sexuelles ne dénoncent pas ces abus, de peur qu'elles ne deviennent de plus en plus marginalisées et stigmatisées dans la société.
Néanmoins, précisons qu'environ 63 %  des femmes et filles handicapées sont victimes de violences sexuelles et au moins 5 femmes et filles handicapées sont violées par jour en RDC, à cause de leur handicap, et de l'insécurité qui règne dans leurs milieux respectifs. 

Propos recueillis par Jules Ntambwe


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