Kinshasa : après un viol, Natacha perd tout désir sexuel

La jeune fille, 16 ans révolue, a vu sa vie basculer après avoir été violée par son propre frère. La victime n’a pas pu accéder aux soins de santé, notamment psychologiques, à cause du silence lui imposé par sa famille. Ce qui lui fait courir également les risques de frigidité.
01-Juillet-2020

Elle dormait dans une grande pièce où on pouvait retrouver deux lits. L’un réservé à ses deux frères (19 et 17 ans), l’autre pour elle et sa sœur cadette.

Un jour, son frère ainé (19 ans) trainait encore au salon pour suivre un match de football, celui de 17 ans s’est insidieusement introduit dans la moustiquaire de son lit pour la violer, relate d’abord sa tante maternelle.

« J’ai d’abord cherché à comprendre ce qui m’arrivait. Puis, je vois le visage de mon frère qui m’interdit de crier, disant:  "je vais moi-même apprécier l’acte" », confie ensuite la victime à son amie. 

Le test de grossesse s’est révélé négatif. Mais, depuis, Natacha n’est plus la même. Alors qu’elle est en plein développement de ses facultés sexuelles, elle raconte à son amie qu’à chaque fois qu’elle pense à ce viol, elle perd tout désir sexuel et même toutes perspectives de fonder une famille heureuse. Maudissant au passage le jour de cet inceste.

Natacha partage également des émotions qui, désormais, accompagnent ses nuits. « Je m’éveille en sursaut au milieu de la nuit par peur de voir l’acte se répéter. », explique-t-elle à son amie.  

Risque de frigidité 

Ce viol pourrait provoquer des répercussions sur sa santé sexuelle s’il n’y a pas une bonne prise en charge, notamment psychologique, de l'avis d'une spécialiste.  « Elle peut, une fois qu’elle devient sexuellement active, développer une frigidité. Elle risque de refaire toujours le film de la scène lorsqu'elle est violentée », explique Mme Jeannette Ndjendje, sexologue clinicienne membre du Programme national de santé de l’adolescent (PNSA) en République démocratique du Congo.

Quand il n’y a pas eu consentement, l’acte de viol ou de l’inceste « peut provoquer une fausse lecture de la sexualité dans le cerveau ou au niveau cognitif, ajoute-t-elle. Au lieu que la sexualité procure du plaisir, elle devient un exercice douloureux chez la victime, fait-elle remarquer". Ce qui peut rendre, selon elle, une femme frigide. C’est-à-dire, une insensibilité pendant l’acte sexuel caractérisée par l’absence de plaisir sexuel et d’orgasme.   

L’omerta familiale… 

Ses parents qui ont bien eu conscience de ce qui s’est passé, conseillent le silence à Natacha. Une sorte d’omerta qui s’installe dans la famille…  Cela, disent-ils, pour sauver l’honneur et la dignité de la famille. Une position qui ne permet pas à la jeune fille d’accéder à une prise en charge notamment psychologique.

Le garçon, auteur du forfait, va être déplacé par les parents vers un autre membre de famille. A son nouveau tuteur, ils n’expliqueront pas la vraie raison de la présence du jeune homme. Ils affirmeront plutôt que le jeune adolescent était victime des problèmes spirituels. 

santesexuelle.cd 


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