Covid-19: confession intime d'une professionnelle du sexe pénalisée par le confinement

A Kinshasa comme ailleurs, les bars, terrasses et boites de nuit sont fermés. La commune de la Gombe est confinée. Pour les professionnelles du sexe qui opèrent dans cette municipalité, c'est la période de vache maigre. Si dans d’autres villes, elles pouvaient bénéficier de l’aide gouvernementale pour survivre, ce n'est pas le cas à Kinshasa. Willianove, la trentaine révolue, a reçu santesexuelle.cd dans sa résidence. Elle parle de sa vie et de son travail en cette période de crise sanitaire. Si elle regrette ses clients occasionnels, dont certains payent mieux, elle se contente pour l'instant de ses
14-Juin-2020

Comment parvenez-vous à vivre en cette période de confinement ?
Je loue cette maison 250 dollars américains le mois. Vous connaissez bien le quartier « Beau Vent », comment les maisons coûtent chères. J’ai un garçon qui a aujourd’hui 8 ans, et quand je ne travaille pas, je stresse grave, car les bailleurs ne pardonnent pas. Ainsi, avons-nous réfléchi avec des amis, et Dieu est bon, il y a quelques abonnés qui ne cessent de penser à nous.

En réfléchissant avec des amis, qu’est-ce que vous vous êtes dites ?
Nous aimons travailler en ville. Mais voilà que c’est devenu difficile pour y accéder. En outre, nous travaillons en collaboration avec certaines boites de nuit qui tirent des bénéfices s’ils nous trouvent des bons clients, mais ils ont tous fermé. Tu penses que c’est facile pour nous ? Il y a certaines de mes amis qui ont résolu de travailler dans la cité, mais c’est de la merde. Là-bas, des jeunes garçons vous proposent des sommes en dessous de 10 dollars américains. La vie est devenue difficile.

Qu’en est-il des abonnés ?
Ouf, pour moi, c’est un soulagement. Je ne passe pas une semaine sans que je sois contacté par deux ou trois personnes. La nuit, ils pèsent de leur poids pour que j’accède à Gombe. Ceux-là qui veulent me voir la journée, font de leur mieux pour qu’on se retrouve par exemple au quartier GB ou à Bon marché.

Et ça coûte combien ces déplacements ?
Aux abonnés, je ne demande pas. Mais quand quelqu’un te donne déjà 100 ou 200 dollars, tu ne trouves pas c’est mieux ? Ils sont gentils, je te dis.

Vous n’avez pas peur du Coronavirus en ayant plusieurs partenaires sexuels ?
Je croyais que tu allais me parler du Sida, car avec le Coronavirus, il y a des malades qui sont aussi guéris. Donc si je tombe malade, je peux être guérie. Mais si je meurs de faim ou je ne sais pas payer mon loyer, qui va me venir en aide ? Je suis dans ce métier, il y a une dizaine d’années, et je n’ai pas le Sida, à combien plus forte raison le Coronavirus ? Et surtout que la rue nous dit que ça n’existe pas !

Il vous est déjà arrivé d’avorter ?
Humm, je ne sais pas répondre à cette question. La pharmacie nous fournit déjà plusieurs produits pour éviter la grossesse, et même la maladie. Et si jamais il y a grossesse, nous avons des gens qui nous aident à s’en débarrasser. Je ne parle pas de moi. Comprends-le comme ça.

Il vous arrive de faire des rapports non protégés ?
Je me promène toujours avec mes préservatifs ; féminin ou masculin, j’aime les avoir tous. Je n’utilise pas le préservatif seulement quand je suis avec mon chéri, celui que j’aime beaucoup. Là c’est ma vie privée, je n’entre pas en profondeur.

Un dernier message...
Nous aimons l’ambiance, car derrière cela, on a l’argent. Que le gouvernement permette la réouverture des boîtes de nuit et le déconfinement de la Gombe. Derrière nous, il y a des gens qui vivent de notre travail. Merci. 

Interview réalisée par Altesse Makambo    


Commentaires

  • HY

    Hyacinthe

    17/06/2020

    Bon boulot Richine et SJS! Ce cas sont légion... Dieu merci qu’elle utilise les préservatifs...

  • EM

    Emmanuel bortos

    23/07/2020

    Maintenant c'est chose faite. Bon boulot à elles.

  • EM

    Emmanuel bortos

    23/07/2020

    Maintenant c'est chose faite. Bon boulot à elles.

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