RDC: prévenir et gérer des conflits pour lutter efficacement contre les violences sexuelles

Les femmes venues de différents coins du pays, particulièrement de l'Est, ont réfléchi du 15 au 16 mars à Kinshasa sur l’implication de différentes parties prenantes dans la recherche, prévention et gestion des conflits. Une Activité organisée par le Cadre Permanent de Concertation de la Femme Congolaise (CAFCO), en collaboration avec l’Union Congolaise des Femmes des Médias (UCOFEM), dans le cadre du projet « Appui aux Réseaux des Femmes pour diriger la prévention des conflits en RDC ».
18-Mars-2021

Les femmes de la société civile congolaise ont passé en revue des conflits qui frappent la RDC depuis trois décennies précisément dans sa partie orientale.

L’objectif de cet atelier national organisé avec le concours d’Internews et l’appui financier de DFID était de susciter l’implication des différentes parties prenantes dans la recherche, la prévention et la gestion des conflits en RDC. 

Quelques problèmes favorisant les conflits ont été identifiés par les participants  : assassinats, conflits fonciers, conflits intercommunautaires, conflits entre éleveurs et agriculteurs, divagation des éléphants du parc Upemba, justice populaire liée aux accusations de la sorcellerie, conflits frontaliers, conflits miniers, conflits armés, impunité...

Au cours d’un point de presse animé par les déléguées des provinces, les femmes de la société civile ainsi que des journalistes membres de l’UCOFEM ont noté des conséquences de l’insécurité et des conflits dans la partie Est de la République.

Parmi tant d’autres, il y a les violences sexuelles faites aux femmes. En Ituri par exemple, à en croire la déléguée de la province présente à l’atelier, des femmes sont violentées et violées tous les jours. Elle en appelle à l’implication du gouvernement central car, malgré les efforts fournis par les Forces armées de la RDC, la situation demeure dramatique.

Au Sud-Kivu, où les rebelles sont très actifs, les violences sexuelles c’est aussi un phénomène de tous les jours. Aussi, le kidnapping  devient-il leur nouveau mode opératoire. Des femmes sont prises en otage, tout comme des hommes, et leurs libérations sont souvent conditionnées moyennant une amende payable par "Mobile Money". 

Au Nord-Kivu, les participantes ont noté la nécessité de mettre fin au phénomène « enfants soldats », souvent recrutés par des groupes armés.

Au Tanganyika, il sied de retirer les enfants des « carrés miniers », et mettre fin aux conflits entre communautés. Plusieurs enfants sont dans la rue à cause de la prétendue « sorcellerie ». 



A Kinshasa, les efforts doivent être consentis pour éradiquer le phénomène « Kuluna ».

Des recommandations

Plusieurs recommandations ont été formulées à l'issue de ces travaux. 

Au président de la République, ces femmes demandent la mise en œuvre d’une diplomatie constructive avec les pays voisins, notamment dans le cadre de son mandat comme président de l’Union Africaine. 

Au Parlement, l’obligation de légiférer et faire le contrôle de l’application stricte des lois sur la règlementation de redevance foncière ; la suppression des frais administratifs illégaux ; la justice foncière ; lutte contre la corruption ; traçabilité et certification des minerais. 

Aux ministères sectoriels, de veiller à l’application des lois et règlements sectoriels ainsi que des programmes sur la neutralisation des forces négatives, la permutation régulière des militaires et policiers… 

Aux forces de sécurité, veiller au respect de la loi organique de la police et de l’armée ; renforcer la Police de proximité ; et libérer les enfants présents dans les groupes armés.

Aux organisations de la Société civile, vulgariser la loi foncière ; plaider pour la suppression des frais administratifs illégaux ; une bonne administration de la Justice foncière ; sensibiliser les communautés TWA et Bantous ; sensibiliser les groupes armés à déposer les armes…

Aux partenaires techniques et financiers, poursuivre le renforcement des capacités des organisations sectorielles de la société civile ; et financer les activités écosystèmes. 

Et enfin à la communauté, instaurer une franche collaboration avec les FARDC dans sa mission de pacification ; ainsi qu’avec la police de proximité, et renforcer le système d’alerte précoce.  

Bernetel Makambo  


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