Kasaï Central : le mariage précoce, une des causes des fistules chez les femmes

Dans le cadre de son projet d'accès aux soins de santé et la coexistence pacifique, une association décide de venir en aide à certaines femmes du Kasaï Central qui souffrent de cette lésion dangereuse survenant souvent lors d'un arrêt prolongé du travail d'accouchement.
12-Février-2021

En République démocratique du Congo, 5 000 à 7 000 cas de fistule obstétricale surviennent chaque année. La province du Kasaï Central fait partie des zones où le mariage précoce garde une importante prévalence. Ce qui en fait également un coin du pays où il y a plusieurs cas des femmes souffrant des fistules obstétricales. 

La Fondation Kadima pense appuyer la réparation des fistules vésico-vaginales de plus de 50 femmes de cette province. Cette opération se fera à l’Hôpital général de référence de Lukonga où précisément 56 femmes venues de l’intérieur de la province bénéficieront de ces interventions chirurgicales.

D’après Élie Mulomba Tshitumbu, chef de bureau de la Fondation Kadima, plus d’une cinquantaine de femmes souffrant de la fistule obstétricale ou fistule vésico-vaginale dans la province seront réparées au cours de cette opération qui va débuter incessamment. Cet exercice bénéficie du financement du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR).

L'ampleur du problème

Dans la province du Kasaï Central, comme dans d'autres d'ailleurs, ce problème de santé connaît une ampleur considérable. Mais au Kasaï Central, ces cas de fistule sont notamment la résultante des mariages précoces avec des accouchements difficiles. Comme en témoigne l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population).

Cet organisme de l'ONU a notamment rapporté, en 2020, le cas d'Adolphine Mputu, habitant le village de Matamba, à 60 kilomètres de la ville de Kananga, et dont le premier accouchement a connu des complications dues à son jeune âge. En 2006, elle n’avait que 14 ans lors de son premier accouchement.

La fistule obstétricale ou fistule vésico-vaginale survient généralement lorsqu’une femme enceinte passe un moment de travail prolongé et difficile, souvent sans intervention obstétricale.

La fistule obstétricale est l’une des lésions les plus graves et les plus dangereuses susceptibles de survenir lors d’un accouchement.

Il s’agit concrètement d’une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum, due à un arrêt prolongé du travail en l’absence de soins obstétricaux. Elle provoque une fuite d'urine ou des matières fécales par le vagin. Si la prise en charge n'intervient pas si tôt, cette maladie peut entraîner, à long terme, des problèmes médicaux chroniques.

En RDC, 42 000 femmes affectées

Selon le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix et médecin directeur de l’Hôpital de Panzi, la RDC comptait en 2020, plus de 42 000 femmes affectées par les fistules obstétricales.

Près de 7 000 d’entre elles sont prises en charge par l’hôpital général de Panzi de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.

Lors de la journée internationale consacrée à cette maladie, le 23 mai dernier, la coordinatrice du programme de prise en charge des fistules à l’hôpital de Panzi, Dr Christine Amisi avait estimé que le pays enregistre 5 000 à 7 000 nouveaux cas chaque année.

 "La prévalence est de 42 000 femmes qui ont la fistule en RDC et on pense que c’est entre 5 000 à 7 000 nouveaux cas chaque année en RDC."

Pour y mettre un terme, docteur Christine Amisi avait demandé à l'État congolais d’intensifier la campagne contre les mariages précoces qui constituent la cause principale des fistules chez les femmes.

Dido Nsapu


Commentaires

Laissez un commentaire