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Kinshasa : Jolie, cette fille de joie qui brave le couvre-feu pour survivre

S'il y a des activités les plus touchées par le couvre-feu décrété depuis le 18 décembre par les autorités, celle des professionnelles du sexe est au premier rang. Rencontre in situ avec une prostituée pour qui braver le couvre-feu est une question de vie ou de mort.
14-Janvier-2021

 Habituée à œuvrer de 20h à l'aube, Jolie, professionnelle du sexe, communément appelée "Tshele" à Kinshasa, a décidé de défier à sa manière le couvre-feu décrété par les autorités. 

Trouvée sur un trottoir à 23h, dans la commune de Lingwala, la jeune femme, fille-mère, nous relate son vécu pendant cette periode. 

"Je vis grâce à mon activité. Ma fille de 8 ans est nourrie grâce cela également. J'ai décidé de braver le couvre-feu, car c'est une question de survie. Depuis ce problème de Covid-19, je noue difficilement le deux bouts. D'où, je n'ai pas de choix", se confie-t-elle. 

Pendant cette période de couvre-feu, bars, terrasses et boites de nuit où elle trouve habituellement ses clients sont fermés à partir de 21h. La circulation est aussi interdite. Mais, cette situation ne décourage pas Jolie qui trouve toujours des astuces pour fonctionner.

"De fois, mes clients m'appellent chez eux. Aussi, je circule sur les avenues afin d'être approchée par celui qui le désire. Si je rencontre les éléments de la police, je leur donne un peu d'argent pour me laisser passer. Certes, les revenus ne sont plus à la hauteur comme avant le couvre-feu. Du moins, je m'en sors avec un peu d'argent pour manger et payer ma petite maison", renchérit-elle. 

Préservatif, une obligation

Comparer au risque qu'elle prend, Jolie ne gagne pas grand-chose. 
"Avant de facturer, je regarde le standing du client. Mais, généralement, je commence à 10.000 francs congolais. Si le client se plaint, je peux prendre jusqu'à 5000 francs".
Elle ne transige pas sur une chose: le préservatif. " Chez moi, le port du préservatif est obligatoire pour éviter les infections sexuellement transmissibles et des grossesses indésirables", a-t-elle précisé.

Jolie exhorte les autorités d'adoucir certaines mesures du fait que les conditions sociales sont difficiles.  

" Nous sommes obligés de se débrouiller pour survivre. Si le couvre-feu est décrété pour des raisons sanitaires dûes à la Covid-19, il y a lieu de revoir. Car, cette pandémie ne circule pas seulement la nuit. Nous pouvons justement respecter les gestes barrières et nous laisser, faire notre travail", a-t-elle conclu. Elle est donc prête de se protéger non seulement des IST et VIH, mais aussi de Covid-19, pourvu qu'on lève le couvre-feu. 

 Jules Ntambwe


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