A Mont-Ngafula : la CGND sensibilise les jeunes sur le Protocole de Maputo

Dans le cadre de la campagne 16 jours d’activisme contre les violences faites à la femme, la Coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND) a sensibilisé, mardi 8 décembre, les jeunes filles et garçons sur les instruments juridiques qui permettent des avortements sécurisés, notamment en cas d’une grossesse issue du viol ou de l’inceste.
09-Décembre-2020

Plusieurs jeunes de cette commune périphérique de Kinshasa ont pris part à une matinée de sensibilisation sur le Protocole de Maputo, particulièrement en son article 14 alinéa 2 point c. Cet instrument juridique ratifié par la République démocratique du Congo autorise l’avortement sécurisé en cas d’une grossesse issue du viol, de l’inceste ou lorsque la santé mentale de la mère ou celle du fœtus est dérangée.

Devant ces jeunes, Vanessa Mwika, membre de l’ONG Si Jeunesse Savait (SJS) et de la CGND, a démontré l’ampleur des avortements clandestins et leurs conséquences dans la vie des femmes. Au moins 146.700 femmes recourent à l'avortement à risques à Kinshasa chaque année, selon une enquête réalisée en 2016 par Guttmacher Institute en collaboration avec l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Vanessa Mwika a, à cet effet, appelé ces jeunes à une sexualité responsable. 

Pour freiner cette mortalité maternelle dont la plupart est due à des avortements clandestins, la CGND a sensibilisé afin de permettre à ces jeunes de connaitre cet instrument juridique. Mme Myriam Dako, membre de l’ABFND et de la CGND, a expliqué aux participants le chemin parcouru par la Coalition et d'autres partenaires afin d’arriver à faire publier le Protocole de Maputo dans le journal officiel de la RDC. Myriam a donné la lumière sur qui doit être bénéficiaire d’un avortement sécurisé. Seulement la femme qui entre dans le cadre de l’article 14 alinéa 2 c de cette charte africaine. Au cas contraire, l’intéressée risque de tomber dans le cas d’avortement interdit et puni par le Code pénal congolais.  

Des chiffres sous-estimés  

Le chiffre avancé dans ce contexte d’avortement n'est qu'une face visible de l'iceberg. Pour Mimi Mopunga, membre du Cafco, structure pilotant actuellement la CGND, "ces chiffres sur l’avortement concernent uniquement des filles qui ont avorté avec des complications et ont fini par voir le un prestataire de santé qualifié. Et alors celles qui ont avorté dans la totale clandestinité ? », s’est-elle interrogée. Elle a indiqué que des femmes qui l'ont fait chez des charlatans ne sont pas comptabilisées dans l'enquête. Ce qui démontre l'ampleur du problème dans la société congolaise. De ce fait, elle a appelé des jeunes à briser le tabou sur la sexualité. 

« Nous sommes là dans le cadre des 16 jours d’activisme. Là où on doit dénoncer les discriminations faites à la femme. Vous savez Mont-Ngafula, c’est aussi une commune périphérique de la ville de Kinshasa. Il n’y a pas assez d’information sur le Protocole de Maputo. Nous sommes venus leur dire que le Protocole de Maputo est un instrument juridique légal pour qu’une femme qui a subi un viol, soit l’inceste ou dont la grossesse met en danger sa santé et celle du fœtus, cette femme-là pouvait bénéficier d’un avortement médicalisé et sécurisé. », a-t-elle déclaré à la presse. Avant d’ajouter qu’elles ont démontré aux participants que ce ne sont les associations qui ont pris l’engagement. « Mais c’est un engament que l’Etat congolais a pris en bonne et due forme et en âme et conscience et qu’il est censé respecter. »

« Nous leur avons aussi dit que nous nous battons pour que l’Etat puisse disponibiliser les formations médicales pour faire bénéficier un avortement sécurisé aux femmes qui répondent aux critères légaux. », a-t-elle indiqué. 

Mimi Mopunga note également que parmi les termes retenus cette année, dans les 16 jours d’activisme, il y a aussi la dénonciation. « Et nous dénonçons cette mortalité maternelle qui est la plus élevée au niveau de l’Afrique. Nous sommes parmi les rares pays qui continuent à avoir trois chiffres de mortalité, au total 869 décès sur 100.000 femmes. », a-t-elle déploré.  

Du côté des participants, la sensibilisation a été bien accueillie. Berth Nsimba, l’une des participantes, fait savoir que cette activité l’a beaucoup aidé. « Nous avons été sensibilisées sur les grossesses non désirées. Comment les prévenir et surtout les avortements sécurisés dans le cadre du Protocole de Maputo. Cette activité nous a beaucoup aidé, surtout nous les filles. Nous savons aujourd’hui qu’il y a un instrument juridique qui nous sécurise. », a-t-il réagi. 

Il est important de relever que le Protocole de Maputo est le tout premier traité, à reconnaître l'avortement, dans certaines conditions, comme un droit humain des femmes, dont elles devraient jouir, sans restrictions ni crainte de poursuites judiciaires.

Dido Nsapu 


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