Les participants après présentation de l'étude à Kinshasa le 23 octobre 2020

Soins après avortement : des jeunes filles pas bien accueillies dans les formations sanitaires, selon une étude de Si Jeunesse Savait

L’association des jeunes féministes Si Jeunesse Savait, a présenté ce vendredi 23 octobre 2020, le rapport de l’étude menée sur la qualité des soins après avortement offerts aux adolescents et jeunes filles dans les formations sanitaires des zones de santé de Bandalungwa, Kimbanseke, Masina et N'djili à Kinshasa, capitale de la RDC.
24-Octobre-2020

Devant les leaders des organisations de la société civile travaillant dans la promotion des droits à la santé sexuelle et reproductive, les experts des ministères de la Santé publique, du Genre, Famille et Enfant, mais aussi de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique ainsi que quelques membres de la Coalition de Lutte contre les Grossesses Non Désirées (CGND), la directrice exécutive de Si jeunesse Savait, Richine Masengo, a détaillé les résultats de cette enquête.    

Menée en 2018 par trois chercheuses, en partenariat avec Le Monde Selon les Femmes, une organisation belge œuvrant dans la promotion du genre et du développement, cette étude qualitative a collecté les informations au moyen des entretiens avec des jeunes filles dont l’âge varie entre 17 et 24 ans. Il était aussi question d'observer comment les prestataires cliniques accueillent, offrent des soins et échangent avec des adolescentes et jeunes sur des questions liées à leur intimité, en particulier celles d'accès aux soins après avortement.

Conduite de manière rétrospective et transversale, cette enquête a abouti à la réalisation de 108 entretiens approfondis auprès des jeunes dont la majorité a dit avoir entendu parler du Protocole de Maputo, mais sans en connaître la teneur.

Dans son article 14, alinéa 2, point C, ce traité international énonce les conditions d'accès aux soins d’avortement sécurisé. 

Il en ressort que bien que favorables à l'offre, les prestataires des soins n'ont jamais été formés sur cette thématique. Ce qui expliquerait le faible niveau des connaissances sur les textes juridiques et contenu des SAA, d'une part et faible compétences dans l'offre des SAA d'autre part, constaté par les jeunes filles interviewées.

Ces jeunes filles soumises à l'enquête disent ne pas être satisfaites de la qualité des services de soins après avortement leur offerts dans les établissements sanitaires. Elles n'apprécient guère également l'accueil leur réservé par les prestataires et le personnel non soignant, ainsi que le coût des soins après avortement qui n'est pas adapté à leur situation financière.

Elles fustigent l'attitude négative de ces derniers qui, dans l'ensemble, portent un jugement sur elles et divulguent leurs secrets médicaux. Elles déplorent le fait que les prestataires des soins ne leur fournissent pas assez d'informations sur la procédure et des explications sur les actes et gestes posés lors de l'examen physique.

Pour Richine Masengo, des entretiens ont été réalisés avec des prestataires clés dans les quatre zones de santé dans lesquelles Si Jeunesse Savait mène ses activités en lien avec la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes. « Une étude faite pour les jeunes et par les jeunes », a-t-elle souligné. 
 
 Besoin enorme 

« De cette étude, l’on peut retenir qu’il y a un besoin énorme de renforcer les structures sanitaires par un personnel compétent, mais aussi du matériel adéquat. Aussi remettre à niveau les prestataires des soins qui sont directement au contact des adolescents et jeunes afin de leur offrir des services adaptés à leurs besoins, ceux qui tiennent compte de leur intimité, et que ces services soient adaptés aux recommandations de l’OMS», suggère Richine Masengo. 

 Ce que pensent les participants

Selon Brison Ebaya du RACOJ, les jeunes filles rencontrent plusieurs problèmes en rapport avec leur santé sexuelle et reproductive, particulièrement en ce qui concerne les soins après avortement du fait de l'incompétence des prestataires et du manque d'information. Son organisation propose que les données de cette étude soient présentées en terme de pourcentages pour que "nous soyions en mesure d’évaluer à quel niveau le problème existe et voir comment apporter des solutions". 

"Nous avons proposé aussi à Si jeunesse Savait une stratégie de se mettre ensemble avec les journalistes, organisations de la société civile afin de constituer un consortium visant à plaider ce problème auprès des décideurs, mais aussi des partenaires techniques et financiers dans le but d’améliorer la situation des jeunes filles », rappelle Brison Ebaya.

De son côté, Dr Patrick Nkonko encourage Si Jeunesse Savait dans sa démarche.
« Ce que je propose, c’est au niveau des conseils à prodiguer aux jeunes filles qui ont bénéficié des soins après avortement, de ne plus tomber dans cette situation par la suite. Ainsi, y a-t-il nécessité de disponibiliser les intrants sur la planification familiale pour leur permettre de se protéger. Pour les prestataires cliniques, je demande à SJS de se pencher aussi dans le renforcement des capacités de ceux qui sont censés recevoir les jeunes pour les aider à bénéficier des soins qu’il faut. Ce n’est pas ce que nous apprenons à l’Université qu’on trouve sur terrain. Il est donc important de trouver une solution à ce problème », a-t-il indiqué.

 Des recommandations

De cette « Recherche-action » faite par une chercheuse principale et 3 autres chercheuses de terrain, il y aussi des recommandations à retenir. En l’occurrence, le renforcement des capacités des prestataires pour améliorer leurs compétences, la sensibilisation des personnels non soignants en ce qui concerne l’accueil.

En outre, Si Jeunesse Savait recommande l’appui aux établissements sanitaires en intrants, matériels et autres équipements. Il y a aussi une recommandation d’adaptation des prix à la bourse des bénéficiaires des soins ; sensibiliser les membres de la communauté sur les textes juridiques qui existent en rapport avec la santé sexuelle et reproductive, appuyer les établissements sanitaires à améliorer les conditions d’accueil pour les soins après avortement...

Altesse Makambo


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