RDC : un député propose une loi de création de l'Ordre national des sages-femmes

Au cours d'une matinée parlementaire sur la sensibilisation des députés nationaux et leaders d’opinion sur la nécessité et l’urgence de doter cette profession d’une loi qui la réglemente, le député Eliezer Ntambwe a expliqué le bien-fondé de sa proposition de loi.
19-Octobre-2020

Garantir des accouchements sécurisés et éviter la mortalité maternelle qui, selon les statistiques, fait plus de dégâts que la Covid-19 et Ebola en République démocratique du Congo. Voilà qui motive le député national, Eliezer Ntambwe à proposer une loi portant création de l’Ordre national des sages-femmes. Cette proposition de loi, a-t-il rassuré,  sera incessamment présentée au niveau de l’Assemblée nationale.

Rétablir l’ordre

 « Chaque heure, il y a au moins trois femmes qui meurent lors de l’accouchement. Cela doit nous interpeller. Nous négligeons ces femmes qui meurent. Il y a un problème. Nous existons parce qu’il y a une femme qui nous a porté. Raison pour laquelle nous avons proposé qu’il y ait un cadre adapté. C’est l’Ordre qui va intimer l’ordre, afin que l’ordre soit établi. Il est vraiment important d’organiser ce secteur avec beaucoup de caractère, vu l’expérience vécue en rapport avec d’autres Ordres qui ont existé. On peut améliorer et avoir un bon texte qui va réguler la profession de sage-femme‘’, a précisé l’élu de Kinshasa/Lukunga.

Particularités

Dans cette proposition de loi, le député place des balustrades pour exercer cette profession noble. Ne peut être sage-femme que la personne qui a suivi une formation adéquate. Le texte interdit toute improvisation.

Pour être inscrit  au tableau de l'Ordre, Eliezer Thambwe souligne qu’il faut :

  •           Être de nationalité congolaise ;
  •          Posséder le diplôme de sage-femme/accoucheuse/obstétricien du niveau de graduat et de licence (A1 et L2) ou tout autre titre jugé équivalent par les ministères ayant l'éducation en Sciences de la Santé dans leurs attributions ;
  •           Les sages-femmes du niveau secondaire (A2 et A3) sont inscrits au tableau à titre transitoire. Un permis d'exercer temporaire (5 ans) à compter du jour de son inscription leur est délivré en attendant de compléter les études au niveau universitaire endéans ces 5 années. Faute de quoi, le permis d'exercer expirant n'est pas renouvelé
  •           Avoir validé les activités d'intégration théoriques et pratiques (séminaires de validation des aptitudes et compétences) portant sur différents aspects de la pratique selon les modalités fixées par l'Ordre à la suite de l'évaluation de l'expérience du demandeur ;
  •           Détenir une certification de participation valide de moins de 2 ans à la formation sur les urgences obstétricales et néonatales (formation reconnue par l'Ordre des  Sage-femmes de la RDC) et, enfin, 
  •           Être d'une bonne moralité.

Les  sages-femmes étrangers résidant en République démocratique du Congo peuvent être inscrites au tableau de l'Ordre à condition qu'il y ait réciprocité (équivalence) entre les pays dont ils sont ressortissants et le Congo-Kinshasa.

« Nous avons voulu que toute personne qui presterait dans ce secteur soit légalement reconnue. Ce n’est pas un laisser-aller où quelqu’un pose un acte, peut s’enfuir sans qu’on ait la possibilité de l’identifier. Compte-tenue de l’expérience antérieure, nous avons dit qu’on doit actualiser par rapport à ce qu’on a vu. Et la loi que nous proposons a vraiment de l’innovation par rapport à cette actualité », souligne l’initiateur de cette proposition de loi qui prévoit de rencontrer le Secrétariat Général à la Santé afin d’enrichir davantage le texte et baliser la voie avant le débat général au Parlement.

Soutien de l'UNFPA

Cette proposition de loi bénéficie d'un appui du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Cet organisme onusien met les moyens en jeu pour la redynamisation de l’association des sages-femmes au niveau national et un appui à la mise en place des associations provinciales. Aussi, appuie-t-il le plaidoyer en vue de la création d’un environnement favorable à la profession Sage-femme.

Dans le cadre de ses interventions sur le pilier réglementation, l’UNFPA apporte son appui à l’élaboration de l’avant-projet de loi sur la profession sage-femme ainsi qu’à la sensibilisation des décideurs, législateurs et des leaders d’opinion.

En République démocratique du Congo, il existe une moyenne d'un sage-femme pour 20 mille habitants. Des chiffres loin des standards internationaux d'un sage-femme pour 5 mille habitants. Très souvent dans des maternités, ce sont des infirmiers qui s’improvisent sages-femmes.

Jules Ntambwe

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