12 ans après un avortement clandestin, elle ne conçoit plus

Dans le cadre de lutte contre les stigmatisations liées aux avortements sécurisés, Sophie - la trentaine révolue - a partagé à santesexuelle.cd son vécu sur les graves conséquences survenues après un avortement clandestin.
10-septembre-2020

Après avoir mesuré les conséquences fâcheuses survenues après une interruption clandestine de grossesse, Sophie a décidé de servir de témoignage pour éviter que des avortements clandestins fassent d'autres victimes.

"Je suis mère de deux enfants. Mon mari a effectué un voyage à Luanda (Angola). Son séjour était tellement prolongé que je manquais comment survivre ici à Kinshasa.", explique Sophie. 

"J'avais trouvé un homme avec qui je vivais. Mais, finalement, je suis tombée enceinte. Je ne voulais pas garder cette grossesse pour éviter que mon mari l'apprenne ", relate-t-elle. 

Alors, Sophie choisit un avortement clandestin et évoque son calvaire. "Je suis allée solliciter un avortement auprès d'un homme qui le pratiquait en cachette. Il m'a fait avorter sans anesthésie. C'était douloureux je vous assure.", a affirmé Sophie. 

Mais sa douleur ne faisait que commencer. "Quand il me faisait le curetage, j'ai eu l'impression qu'il m'arrachait toutes mes entrailles. J'ai hurlé mais une autre personne m'a bandé la bouche. Quand il a fini, il a introduit deux rouleaux de papiers hygiéniques dans mon organe génital", avoue Sophie. 

"J'arrivais à peine à marcher. Je me suis efforcée pour arriver à la maison, sans rien dire à qui que ce soit. Le jour suivant, je suis allée à la douche pour me laver, ce sont des cailloux de sang que je vois sortir de moi, après avoir retiré ces bourrages de papiers de mon sexe ", a-t-elle révélé.

Briser le silence

Voyant son cas s'aggraver, cette femme a brisé la loi du silence qu'elle s'était imposée. 

"Je saignais tellement que j'ai décidé d'en parler à une des mes proches. Elle m'a conseillé d'aller dans un hôpital vers la commune de Ngiri-Ngiri. Là-bas, ils m'ont soigné mais depuis, je n'arrive plus à concevoir. Mon mari est revenu de voyage mais je n'arrive toujours pas à tomber enceinte voici maintenant 12 ans", confie-t-elle. 

Sophie dit vouloir servir de témoignage pour sensibiliser les femmes et les jeunes filles afin qu'elles comprennent les dangers des avortements clandestins.

Meilleure prise en charge

Pourtant, les soins complets d'avortement pour des femmes qui remplissent les critères du Protocole de Maputo permettent une meilleure prise en charge sans risque. La patiente a la chance d'être non seulement soignée selon les normes de l'OMS, mais aussi de bénéficier des conseils pour ne plus retomber dans la même situation. Ce qui n'est pas le cas dans un contexte de clandestinité qui expose plusieurs femmes à la mort ou à des complications graves.

Équipe de campagne


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