Mamie Mopunga, point focal de la CGN

Avortements : des internautes édifiés sur la loi et l’ampleur du problème

Pour mettre fin à la stigmatisation et de mieux comprendre les questions liées aux avortements en RDC, l’équipe de campagne en ligne composée de Si Jeunesse Savait et Santesexuelle.cd en partenariat avec la Coalition des grossesses non désirées (CGND) s’est retrouvée face-à-face, vendredi 4 septembre à Kinshasa, avec quelques internautes et leaders communautaires intéressés par la Campagne « Respectez Mon Choix ».
05-septembre-2020

Dans le cadre de la campagne en ligne « Respectez Mon Choix » lancée par l’ONG Si Jeunesse Savait et Santesexuelle.cd en partenariat avec la Coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND) et Hesperian Health, un atelier de clarification des valeurs a été organisé, vendredi 4 septembre, à Kinshasa. Cette activité – offline – a ciblé des internautes et des leaders communautaires jeunes vivant à Kinshasa et qui se sont montrés opposés à l’actuelle campagne en ligne. 

Avancées dans la législation



Mamie Mopunga, point focal de la CGND, a exposé sur les instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux favorables aux Droits de santé sexuelle et reproductive (DSSR) ainsi que la situation juridique et cadre légal de l’avortement en RDC. Sur le plan régional, le contexte légal des avortements sécurisés ont évolué dans certains pays africains. Et en 2008, la RDC a ratifié – sans réserve – le Protocole de Maputo. Ce protocole qui, dans son article 14 alinéa 2 point C, invite les Etats signataires à prendre « toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ». 

« Il faut cesser d’être hypocrite. Nous, Congolais, nous sommes tellement hypocrites sur les questions d’avortement. Il faut avoir l’esprit libre. Même dans des églises, il y a de l’hypocrisie… Au lieu de perdre les âmes, au tant mieux en parler », a dit Mme Mimie Mopunga aux participants à cet atelier.

Elle a également mis en avant les avancées du combat des ONG sur ces questions d’avortement, notamment la publication, en 2018, de ce Protocole de Maputo dans le journal officiel de la RDC.  
Des chiffres sur les avortements 
Docteur Tom’s Epupola, médecin directeur de Clinique Malaïka, a évoqué la situation  des grossesses non désirées ainsi que des avortements clandestins dans le monde et leurs conséquences.

Sur les 213,4 millions de grossesses non désirées à travers le monde, démontre le docteur, il y a 119, 7 millions en Asie et 53,8 millions de ces cas se concentrent en Afrique.

« Et il faut noter que dans les chiffres du monde, il y a l’Inde et la Chine qui font plus d’un milliard d’habitants », prévient ce médecin directeur. Comme pour expliquer que les chiffres attribués à l’Afrique dans ces statistiques restent très considérables. Sur ces chiffres, au moins 50 % des grossesses se terminent par un avortement. Et 86 % de tous ces avortements se passent dans des pays en voie de développement. « Pour 1000 femmes, explique Thom’s Epupola, 80 % avortent clandestinement. » 

Ce qui le pousse à conclure que des lois restrictives en matière d’avortement n’empêchent pas le taux élevé des IVG. « Mais ces lois obligent plutôt les femmes qui ont des grossesses non désirées à se tourner vers des prestataires non sécuritaires ou tenter l’auto-induction de l’avortement. Et ceci avec des résultats négatifs dans les deux cas. », a-t-il fait savoir.   

A la fin de l’atelier, les participants ont eu une autre perception des questions d’avortement. Environ 90 % d’entre eux ont pris l’engagement de rejoindre la campagne contre les stigmatisations des personnes ayant recouru légalement au service d’avortement. Cela, notamment en relayant les publications et d’autres messages en ligne partagés par l’équipe de campagne « Respectez Mon Choix ». 

« Au départ, je pensais que vous défendiez l’avortement y compris celui puni par la loi. Mais après avoir assisté à cet atelier [de clarification], j’ai non seulement compris que la campagne reste dans un cadre légal [Protocole de Maputo] mais également les chiffres des décès liés aux avortements non sécurisés sont effrayants. Nous devons faire quelque chose afin que les choses changent. », a déclaré une participante. Un Changement d’attitudes et de comportement souhaité également par cet atelier afin de réduire les impacts négatifs des stigmatisations venant des communautés et des internautes sur les questions d’avortement. 

Equipe de campagne 
 


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